Les Fables de Jean de La Fontaine
Mort (La) et le bûcheron
Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine [[archaïsme figurant dans Rabelais]] enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? [[la terre..bien sûr !]]
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, [[à l'époque, il n'y avait pas de casernes et les soldats logeaient chez l'habitant, gratuitement, cela était redoutable...pour l'habitant.]]
les impôts, Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort ; elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire.
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. [[cela ne te demandera pas longtemps]]
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.