Les Fables de Jean de La Fontaine
Oracle (L’) et l’impie
Vouloir tromper le Ciel, c'est folie à la Terre ; [[les oracles d'Apollon, dieu grec, étaient rendus à Delphes par la Pythie.]]
Le dédale des cœurs en ses détours n'enserre [[ne renferme. Les dieux connaissent tout de nous.]]
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les dieux.
Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux,
Même les actions que dans l'ombre il croit faire.
Un Païen qui sentait quelque peu le fagot, [[vocabulaire qui concernait les hérétiques voués au bûcher.]]
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d'inventaire, [[comme on vérifie l'actif d'un héritage avant de l'accepter.]]
Alla consulter Apollon.
Dès qu'il fut en son sanctuaire :
Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non ?
Il tenait un Moineau, dit-on,
Prêt d'étouffer la pauvre bête,
Ou de la lâcher aussitôt,
Pour mettre Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu'il avait en tête : [[Apollon comprit ses intentions.]]
Mort ou vif, lui dit-il, montre-nous ton Moineau,
Et ne me tends plus de panneau ([[piège]] ;
Tu te trouverais mal d'un pareil stratagème.
Je vois de loin, j'atteins de même.